Quelle surprise!
On croyait les connaître, les 4 sonates au programme ! La » Pathétique », la « Tempête », « Clair de lune » et « Waldstein » . Ce sont des monuments ; on les joue fréquemment.
François Frédéric GUY nous en donné, lui, une lecture bien différente de ce que l’on entend souvent chez certains interprètes : emportements brutaux, contrastes abrupts, successions des pianissimi les plus éteints suivis d’accords ou d’arpèges tonitruants.
Sous les doigts de François-Frédéric GUY, dès les premiers accords sombres du « grave » introductif de la
» Pathétique », l’auditoire est séduit par une interprétation dont le phrasé est la qualité première.
Ce début n’a plus le caractère déclamatoire que beaucoup d’interprètes accentuent à plaisir.
La souplesse de ce phrasé profondément lyrique, exalte toutes les nuances des sentiments, il est tantôt haletant, tantôt d’ une douceur apaisée, d’une grâce légère , quasiment humoristique comme dans l’allegretto de la « Tempête ». Les accents ne sont pas atténués mais ce qui est dans beaucoup d’ interprétations, percussion, devient ici pulsion continue , jamais rupture. La diversité extrême des climats est rendue dans une continuité surprenante qui vous tient en attente.
Dans toutes les pièces jouées, les orages sont là, mais c’est au coeur de ces orages même que semble naitre le chant mélodieux qui suit , et ces chants gracieux, eux-mêmes, on les sent très rapidement menacés. Ainsi s’engendrent dans un flot continu les états d’âme , les climats les plus divers.
Au début du « Clair de lune » par exemple l’immuable et monotone mouvement des triolets sur des basses profondes perd son caractère répétitif. Le thème plaintif qu’il soutient n’est pas superposé, est ce même un thème ? Berlioz y voyait « l’efflorescence mélodique de cette sombre harmonie ».
L’auditoire qui emplissait l’église a fait à l’artiste, une ovation debout, enthousiasmé par ces interprétations qui l’avaient tenu en haleine avec tant d’intensité.
Pour terminer François Frédéric GUY a clôt le récital , avec en bis, « la lettre Für Elise » de Beethoven et les souriantes « Variations sur Ah! vous dirai-maman » de Mozart , un dernier régal !
Patrice Vincent.